Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/572

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les Lettres de la Montagne un libelle calomnieux. Il n’y a plus moyen que j’offre une maison à Jean-Jaques, depuis qu’il a été affiché calomniateur au coin des rues.

Mais en faisant le métier de délateur & d’homme un peu brouillé avec la vérité, il faut avouer qu’il a toujours conservé son caractere de modestie.

Il me fit l’honneur de m’écrire, avant que la Médiation arrivât à Geneve, ces propres mots :

MONSIEUR,

“Si vous avez dit que je n’ai pas été secrétaire d’Ambassade à Venise, vous avez menti ; & si je n’ai pas été secrétaire d’Ambassade, & si je n’en ai pas eu les honneurs, c’est moi qui ai menti.”

J’ignorois que M. Jean -Jaques eût été secrétaire d’Ambassade ; je n’en avois jamais dit un seul mot, parce que je n’en avois jamais entendu parler.

Je montrai cette agréable lettre a un homme véridique, fort au fait des affaires étrangeres, curieux & exact. Ces gens-là sont dangereux pour ceux qui citent au hasard. Il déterra les lettres originales écrites de la main de Jean-Jaques, du 9 & du 13 août 1743 à M. du Theil, premier commis des affaires étrangeres, alors son protecteur. On y voit ces propres paroles.

“J’ai été deux ans le domestique de M. de Montaigu (Ambassadeur à Venise)... J’ai mangé son pain... Il m’a chassé honteusement de sa maison... Il m’a menacé de me faire jetter par la fenêtre... & de pis, si je restois plus long-tans dans Venise... &c. &c.”