Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/575

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LETTRE DE M. DE VOLTAIRE. Au Docteur Jean-Jaques Pansophe.

Quoique vous en disiez, docteur Pansophe, je ne suis certainement pas la cause de vos malheurs ; j’en suis affligé, & vos livres ne méritent pas de faire tant de scandale & tant de bruit : mais cependant ne devenez pas calomniateur ; ce serait-là le plus grand mal. J’ai lu dans le dernier ouvrage que vous avez mis en lumiere, une belle prosopopée, où vous faites entendre, en plaisantant mal à propos, que je ne crois pas en Dieu. Le reproche est aussi étonnant que votre génie. Le jésuite Garasse, le jésuite Hardouin & d’autres menteurs publics trouvoient par-tout des athées ; mais le jésuite Garasse, le jésuite Hardouin, ne sont pas bons à imiter. Docteur Pansophe, je ne suis athée ni dans mon cœur, ni dans mes livres ; les honnêtes gens qui nous connoissent l’un & l’autre disent en voyant votre article ; Hélas ! le docteur Pansophe est méchant comme les autres hommes ; c’est bien dommage.

Judicieux admirateur de la bêtise & de la brutalité des Sauvages, vous avez crié contre les Sciences, & cultivé les Sciences. Vous avez traité les auteurs & les philosophes de charlatans ; & pour prouver d’exemple, vous avez été auteur.