Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/99

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pas de vous. Il n’y a dans ces quatre ou cinq caisses qu’une centaine au plus de volumes qui soient bons & bien conditionnés. Tout le reste n’est que du fumier, qui n’est pas même bon à

brûler, parce que le papier en est pourri. Hors quelques livres que je prenois en payement des Libraires, je me pourvoyois magnifiquement sur les quais, & cela me fait rire de la duperie des acheteurs qui s’attendroient à trouver des livres choisis & de bonnes éditions. J’avois pensé que ce qui étoit de débit se réduisant à si peu de chose, M. Davenport & de deux ou trois de ses amis auroient pu s’en accommoder entr’eux sur l’estimation d’un Libraire, le reste eût servi à plier du poivre, & tout cela se seroit fait sans bruit. Mais assurément tout ce fatras qui m’a été envoyé bien malgré moi de Suisse, & qui n’en valoit ni le port ni la peine, vaut encore moins celle que vous voulez bien prendre pour son débit. Encore un coup, mon embarras est de savoir où le fourrer. S’il y avoir dans votre maison quelque garde-meuble ou grenier vide où l’on pût les mettre sans vous incommoder, je vous serois obligé de vouloir bien le permettre, & vous pourriez y voir à loisir s’il s’y trouveroit par hasard quelque chose qui pût vous convenir ou à vos amis. Autrement je ne sais en vérité que faire de toute cette friperie qui me peine cruellement, quand je songe à tous les embarras qu’elle donne à M.. Davenport. Plus il s’y prête volontiers, plus il est indiscret à moi d’abuser de sa complaisance. S’il faut encore abuser de la vôtre, j’ai comme avec lui, la nécessité pour excuse, & la persuasion consolante du plaisir que vous prenez l’un & l’autre à m’obliger. Je vous