Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le contre, & ne doute de rien. Ces deux Auteurs peuvent avoir le même but. Bayle nous y mene, M. R. y va tout seul : car je doute qu’il y mene personne ; il annonce trop le déisme. Bayle est plus dangereux : il n’annonce rien. Son style indifférent, rend constamment tel son lecteur. M. R. met trop d’intérêt & de chaleur dans ses prétentions, qui sont trop naïvement fortes & horribles. On ne persuadera pas facilement aux sots même, beaucoup moins même aux sots, qu’ils soient bêtes ou Pongos.

Bayle va à l’esprit par le cœur, dont l’esprit est facilement la dupe, selon le proverbe. M. R. va au cœur par l’esprit dont nul proverbe n’a établi la duperie active envers le cœur, toujours libre de s’en moquer. C’est Bayle qui manie l’hypothese en habile homme. M. R. en évente l’art e savoir-faire par des contre-theses perpétuelles.

Aussi Bayle se vantoit-il de savoir tout, & citoit tout réellement, livres & auteurs : M. R. se vante, à la façon peut-être de Socrate de ne savoir rien, & ne cite rien ou presque rien en effet ; & l’avis de M. R. n’est jamais que l’avis de M. R. dont je suis par conséquent le très, &c.