Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/331

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ses intentions, ses principes, sa mémoire enfin, qu’on attaque avec une fureur sans frein, & sans exemple. Or comme ses ennemis prouvent journellement qu’on peut écrire les plus belles choses, & faire les plus infâmes, il est indispensable d’établir l’admirable conformité, qui a toujours subsisté entre ses principes & sa conduite : ce qui ne se peut qu’en démontrant jusqu’à l’évidence, la fausseté des accusations dont on a pris tâche de le charger. D’ailleurs j’ai toujours cru, & je croirai toujours que défendre la vertu contre le vice, est un air qui sied à tout le monde. Mais n’est-ce pas servir la société, peut-être plus utilement que Jean-Jaques même, que de préserver des impressions funestes aux mœurs, que quelques littérateurs, & la plupart des journalistes cherchent à donner sur son compte, les jeunes gens, les femmes, les gens du grande monde, trop dissipés pour méditer les ouvrages de ce philosophe, & trop répandus pour ne pas trouver sous leurs mains, & au moins parcourir les petits libelles qui s’impriment ouvertement contre lui ; & qui ont pour but de rendre sa personne méprisable, & sa morale suspecte ? Si nous négligeons de présenter le préservatif, nous qui connoissons tous les dangers du mal, qui tentera d’appliquer le remede ? Il faut défendre Jean-Jaques, pour l’intérêt de la vérité, pour celui de sa mémoire, pour le bien général, & pour son propre soulagement, pour peu qu’on sente avec vivacité. Eh ! comment ne pas employer toutes ses forces à repousser les efforts de prétendus philosophes, qui se liguent pour diffamer dans l’esprit de la multitude sur qui leur charlatanisme a acquis quelque pouvoir, un homme qu’ils devroient prendre & lui proposer pour modele ? Comment