Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/448

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Extraits de Lettres de Lord Maréchal à M. J.J. Rousseau.

Potsdam le 8 Février 1765.

Après avoir discuté sur la cherté des vivres en Angleterre où il étoit déjà question pour Rousseau de se retirer, Mylord ajoute. “Mon bon ami, si vous n’étiez plus sauvage que les Sauvages du Canada il y auroit remede. Parmi eux si j’avois tué plus de gibier que je ne pourrois en manger, ni emporter, je dirois au premier passant, tiens voilà du gibier ; il l’emporteroit ; mais Jean-Jaques le laisseroit : ainsi j’ai raison de dire qu’il est trop sauvage, &c.”

Potsdam le 22 mai 1765.

“Ce qui me fâche est la crainte que l’impression de vos ouvrages à Neufchâtel ne se faisant pas, il ne vous manque un secours nécessaire : car item il faut manger, & on ne vit plus de gland dans notre siecle de fer. Vous pourriez me rendre bien plus à l’aise que je ne le suis, & il me semble que vous le devriez. Vous m’appeliez votre pere, vous êtes homme vrai ; ne puis-je exiger par l’autorité que ce titre me donne, que vous permettiez que je donne à mon fils 50 liv. sterling de rente viagere ? Emetulla est riche Ibrahim a une rente assurée, Stepan de même, Motcho aussi. Si mon fils chéri avoit quelque chose assurée pour la vie, je n’aurois plus rien à desirer dans ce monde, ni aucune inquiétude à le quitter ; il ne tient qu’à vous d’ajouter infiniment à mon bonheur. Seriez-vous à l’aise si vous