Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t16.djvu/277

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d’en conclure le marché. Je vais d’H[...]k tous les jours, ajouta-t-il ; je connois mieux que vous l’état de son âme. Si vous n’aviez pas lieu d’en être content, croyez-vous votre ami capable de vous conseiller une bassesse ? Bref, avec ma foiblesse ordinaire je me laissai subjuguer, & nous allâmes souper chez le baron qui me reçut à son ordinaire. Mais sa femme me reçut froidement, & presque malhonnêtement. Je ne reconnus plus cette aimable Caroline qui marquoit avoir pour moi tant de bienveillance étant fille. J’avois cru sentir dès long-tems auparavant que depuis que G[...]fréquentoit la maison d’A

[in] e, on ne m’y voyoit plus d’aussi bon œil.

Tandis que j’étois à Paris, St. L[...]t y arriva de l’armée. Comme je n’en savois rien, je ne le vis qu’après mon retour en campagne, d’abord à la C[...]e, & ensuite à l’Hermitage où il vint avec Mde. d’H[...]me demander à dîner. On peut juger si je les reçus avec plaisir ! mais j’en pris bien plus encore à voir leur bonne intelligence. Content de n’avoir pas troublé leur bonheur, j’en étois heureux moi-même, & je puis jurer que durant toute ma folle passion, mais sur-tout en ce moment, quand j’aurois pu lui ôter Mde. d’H[...], je ne l’aurois pas voulu faire, & je n’en aurois pas même été tenté. Je la trouvois si aimable, aimant St. L[...]t, que je m’imaginois à peine qu’elle eût pu l’être autant en m’aimant moi-même, & sans vouloir troubler leur union, tout ce que j’ai le plus véritablement désiré d’elle, dans mon délire, étoit qu’elle se laissât aimer. Enfin de quelque violente passion que j’aye brûlé pour elle, je trouvois