Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/274

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mémoire sans m’incommoder. Il n’en sera pas de même lorsqu’après les frais d’un voyage long & coûteux, j’en serai à eux de mon premier établissement en Angleterre. Ainsi je voudrois bien que vous voulussiez tirer sur moi à Paris à vue le montant du mémoire en question. Si vous voulez absolument remettre cette affaire au temps où je serai plus tranquille, je vous prie au moins de me marquer à combien tous vos déboursés se montent, & permettre que je vous en fasse mon billet. Considérez, mon bon ami, que vous avez une nombreuse famille à qui vous devez compte de l’emploi de votre temps, & que le partage de votre fortune, quelque grande qu’elle puisse être, vous oblige à n’en rien laisser dissiper, pour laisser tous vos enfans dans une aisance honnête. Moi, de mon côté, je serai inquiet sur cette petite dette tant qu’elle ne sera pas ou payée ou réglée. Au reste, quoique cette violente expulsion me dérange, après un peu d’embarras, je me trouverai du pain & le nécessaire pour, le reste de mes jours, par des arrangemens dont je dois vous avoir parlé ; & quant à présent rien ne me manque. J’ai tout l’argent qu’il me faut pour mon voyage & au-delà, & avec un peu d’économie, je compte me retrouver bien-tôt au courant comme auparavant. J’ai cru vous devoir ces détails pour tranquilliser votre honnête cœur sur le compte d’un homme que vous aimez.