Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t3.djvu/456

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j’obtienne en priant cette volonté, si je trouve enfin le moyen de bien faire, tout cela ne revient-il pas au même ? Que je me donne ce qui me manque en le demandant, ou que Dieu l’accorde à ma priere, s’il faut toujours pour l’avoir que je le demande, ai-je besoin d’autre éclaircissement ? Trop heureux de convenir sur les poins principaux de notre croyance, que cherchons-nous au delà ? Voulons-nous pénétrer dans ces abîmes de métaphysique qui n’ont ni fond ni rive & perdre à disputer sur l’essence divine ce tems si court qui nous est donné pour l’honorer ? Nous ignorons ce qu’elle est, mais nous savons qu’elle est ; que cela nous suffise ; elle se fait voir dans ses œuvres, elle se fait sentir au dedans de nous. Nous pouvons bien disputer contre elle, mais non pas la méconnoître de bonne foi. Elle nous a donné ce degré de sensibilité qui l’aperçoit & la touche ; plaignons ceux à qui elle ne l’a pas départi, sans nous flatter de les éclairer à son défaut. Qui de nous fera ce qu’elle n’a pas voulu faire ? Respectons ses décrets en silence & faisons notre devoir ; c’est le meilleur moyen d’apprendre le leur aux autres.

Connaissez-vous quelqu’un plus plein de sens & de raison que M. de Wolmar ? Quelqu’un plus sincere, plus droit, plus juste, plus vrai, moins livré à ses passions, qui ait plus à gagner à la justice divine & à l’immortalité de l’âme ? Connaissez-vous un homme plus fort, plus élevé, plus grand, plus foudroyant dans la dispute, que Milord Edouard, plus digne par sa vertu de défendre la cause de Dieu, plus certain de son existence, plus pénétré de sa majesté suprême, plus zélé pour sa gloire & plus fait pour la soutenir ?