Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t3.djvu/68

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c’est-à-dire de le laisser venir, ou je n’entendrai pas raillerie. Tu sais bien que si je ris quand je pleure & n’en suis pas moins affligée, je ris aussi quand je gronde & n’en suis pas moins en colere. Si tu es bien sage & que tu fasses les choses de bonne grâce, je te promets de t’envoyer avec lui un joli petit présent qui te fera plaisir & tres grand plaisir ; mais si tu me fais languir, je t’avertis que tu n’auras rien.

P.S. À propos, dis-moi, notre marin fume-t-il ? Jure-t-il ? Boit-il de l’eau-de-vie ? Porte-t-il un grand sabre ? A-t-il la mine d’un flibustier ? Mon Dieu ! que je suis curieuse de voir l’air qu’on a quand on revient des antipodes !

LETTRE IX. DE MDE. D’ORBE À MDE. DE WOLMAR.

Tiens, cousine, voilà ton esclave que je te renvoie. J’en ai fait le mien durant ces huit jours & il a porté ses fers de si bon cœur qu’on voit qu’il est tout fait pour servir. Rends-moi grâce de ne l’avoir pas gardé huit autres jours encore ; car, ne t’en déplaise, si j’avais attendu qu’il fût prêt à s’ennuyer avec moi, j’aurais pu ne pas le renvoyer sitôt. Je l’ai donc gardé sans scrupule ; mais j’ai eu celui de n’oser le loger dans ma maison. Je me suis senti quelquefois cette