plume, & au lieu de faire ce qu’il faut, je m’efforcerai de le dire.
Je sais que dans les entreprises pareilles à celle-ci, l’auteur, toujours à son aise dans des systêmes qu’il est dispensé de mettre en pratique, donne sans peine beaucoup de beaux préceptes impossibles à suivre, & que, faute de détails & d’exemples, ce qu’il dit même de praticable reste sans usage, quand il n’en a pas montré l’application.
J’ai donc pris le parti de me donner un éleve imaginaire, de me supposer l’âge, la santé, les connaissances & tous les talens convenables pour travailler à son éducation, de la conduire depuis le moment de sa naissance jusqu’à celui où, devenu homme fait, il n’aura plus besoin d’autre guide que lui-même. Cette méthode me paroit utile pour empêcher un auteur qui se défie de lui de s’égarer dans des visions ; car dès qu’il s’écarte de la pratique ordinaire, il n’a qu’à faire l’épreuve de la sienne sur son éleve ; il sentira bientôt, ou le lecteur sentira pour lui, s’il suit le progrès de l’enfance, & la marche naturelle au cœur humain.
Voilà ce que j’ai tâché de faire dans toutes les difficultés qui se sont présentées. Pour ne pas grossir inutilement le livre, je me suis contenté de poser les principes dont chacun devoit sentir la vérité. Mais quant aux regles qui pouvoient avoir besoin de preuves, je les ai toutes appliquées à mon Émile ou à d’autres exemples, & j’ai fait voir dans des détails très-étendus comment ce que j’établissois pouvoit être pratiqué : tel est du moins le plan