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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/224

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en cette partie. Les jeunes filles paraissoient souvent en public, non pas mêlées avec les garçons, mais rassemblées entre elles. Il n’y avoit presque pas une fête, pas un sacrifice, pas une cérémonie où l’on ne vît des bandes de filles des premiers Citoyens couronnées de fleurs, chantant des hymnes, formant des chœurs de danses, portant des corbeilles, des vases, des offrandes, & présentant aux sens dépravés des Grecs un spectacle charmant & propre à balancer le mauvais effet de leur indécente gymnastique. Quelque impression que fît cet usage sur les cœurs des hommes, toujours étoit-il excellent pour donner au sexe une bonne constitution dans la jeunesse, par des exercices agréables, modérés, salutaires, & pour aiguiser & former son goût par le desir continuel de plaire, sans jamais exposer ses mœurs.

Sitôt que ces jeunes personnes étoient mariées, on ne les voyoit plus en public ; renfermées dans leurs maisons, elles bornoient tous leurs soins à leur ménage & à leur famille. Telle est la maniere de vivre que la Nature & la raison prescrit au sexe ; aussi de ces meres-là naissoient les hommes les plus sains, les plus robustes, les mieux faits de la terre : & malgré le mauvais renom de quelques Isles, il est constant que de tous les Peuples du monde, sans en excepter même les Romains, on n’en cite aucun où les femmes aient été à la fois plus sages & plus aimables, et aient mieux réuni les mœurs & la beauté, que l’ancienne Grece.

On sait que l’aisance des vêtemens qui ne gênoient point le corps, contribuoit beaucoup à lui laisser dans les deux sexes ces belles proportions qu’on voit dans leurs statues, &