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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/268

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dans tous leurs engagemens, & celles sur la foi desquelles on peut généralement le plus compter.

Je ne sache que la seule Mademoiselle de l’Enclos qu’on ait pu citer pour exception connue à ces remarques. Aussi Mademoiselle de l’Enclos a-t-elle passé pour un prodige. Dans le mépris des vertus de son sexe, elle avoit, dit-on, conservé celles du nôtre : on vante sa franchise, sa droiture, la sureté de son commerce, sa fidélité dans l’amitié. Enfin, pour achever le tableau de sa gloire, on dit qu’elle s’étoit faite homme : à la bonne heure. Mais avec toute sa haute réputation, je n’aurois pas plus voulu de cet homme-là pour mon ami que pour ma maîtresse.

Tout ceci n’est pas si hors de propos qu’il paroit être. Je vois où tendent les maximes de la Philosophie moderne en tournant en dérision la pudeur du sexe & sa fausseté prétendue ; & je vois que l’effet le plus assuré de cette Philosophie, sera d’ôter aux femmes de notre siecle le peu d’honneur qui leur est resté.

Sur ces considération je crois qu’on peut déterminer en général quelle espece de culture convient à l’esprit des femmes, & sur quels objets on doit tourner leurs réflexions dès leur jeunesse.

Je l’ai déjà dit, les devoirs de leur sexe sont plus aisés à voir qu’à remplir. La premiere chose qu’elles doivent apprendre est à les aimer par la considération de leurs avantages ; c’est le seul moyen de les leur rendre faciles. Chaque état & chaque âge a ses devoirs. On connoit bientôt les siens pourvu qu’on les aime. Honorez votre état de femme, & dans quel-