Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/522

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de moi, cet exemple en entraîna d’autres & bientôt la révolte devint si générale que le maître attiré par le bruit & les cris, vint lui-même pour y mettre ordre.

Vous comprenez ce que notre inspecteur pur lui dire pour s’excuser & pour l’irriter contre nous. Il ne manqua pas de me désigner comme l’auteur de l’émeute, comme un chef de mutins qui cherchoit à se faire craindre par le trouble qu’il vouloir exciter. Le maître me regarda & me dit ; c’est donc toi qui débauches mes esclaves ? Tu viens d’entendre l’accusation. Si tu as quelque chose à répondre, parle. Je fus frappé de cette modération dans le premier emportement d’un homme âpre au gain menace de sa ruine ; dans un moment où tout maître Européen, touché jusqu’au vis par son intérêt, eut commencé sans vouloir m’entendre, par me condamner à mille tourmens. Patron, lui dis-je en langue franque ; tu ne peux trous haÏr ; tu ne nous connois pas même ; nous ne te haissons pas non plus, tu n’es pas l’auteur de nos maux, tu les ignores. Nous savons porter le joug de la nécessite qui nous à soumis à toi. Nous ne refusons point d’employer nos forces pour ton service, puisque le sort nous y condamne ; mais en les excédant ton esclave nous les ôte & va te ruiner par notre perte. Crois-moi, transporte à un homme plus sage l’autorité dont il abuse à ton préjudice. Mieux distribué ton ouvrage ne se sera pas moins, & tu conserveras des esclaves laborieux dont tu tireras avec le tems un profit beaucoup plus grand que celui qu’il te veut procurer en nous accablant. Nos plaintes sont justes ; nos demandes sont modérées. Si tu ne les écoutes pas, notre parti est pris ; ton