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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/87

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peser, confronter les prophéties, les révélations, les faits, tous les monumens de foi proposés dans tous les pays du monde, pour en assigner les tems, les lieux, les auteurs, les occasions ! Quelle justesse de critique m’est nécessaire pour distinguer les pieces authentiques des pieces supposées ; pour comparer les objections aux réponses, les traductions aux originaux ; pour juger de l’impartialité des témoins, de leur bon sens, de leurs lumieres ; pour savoir si l’on n’a rien supprimé, rien ajouté, rien transposé, changé, falsifié ; pour lever les contradictions qui restent, pour juger quel poids doit avoir le silence des adversaires dans les faits allégués contre eux ; si ces allégations leur ont été connues ; s’ils en ont fait assez de cas pour daigner y répondre ; si les livres étoient assez communs pour que les nôtres leur parvinssent ; si nous avons été d’assez bonne foi pour donner cours aux leurs parmi nous, & pour y laisser leurs plus fortes objections, telles qu’ils les avoient faites.

Tous ces monumens reconnus pour incontestables, il faut passer ensuite aux preuves de la mission de leurs auteurs ; il faut bien savoir les loix des sorts, les probabilités éventives, pour juger quelle prédiction ne peut s’accomplir sans miracle ; le génie des langues originales, pour distinguer ce qui est prédiction dans ces langues, & ce qui n’est que figure oratoire ; quels faits sont dans l’ordre de la Nature, & quels autres faits n’y sont pas ; pour dire jusqu’à quel point un homme adroit peut fasciner les yeux des simples, peut étonner même les gens éclairés ; cher-