Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/174

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Quand ils auront bien disputé, bien chamaillé, bien ergoté, bien prononcé, tout au fort de leur petit triomphe, le Clergé Romain, qui maintenant rit & les laisse faire, viendra les chasser, armé d’argumens ad hominem sans réplique ; & les battant de leurs propres armes, il leur dira : cela va bien ; mais à présent ôtez-vous de-là, méchans intrus que vous êtes ; vous n’avez travaillé que pour nous. Je reviens à mon sujet.

L’Eglise de Geneve n’a donc & ne doit avoir, comme Réformée, aucune profession de foi précise, articulée, & commune à tous ses membres. Si l’on vouloit en avoir une, en cela même on blesseroit la liberté évangélique, on renonceroit au principe de la Réformation, on violeroit la Loi de l’Etat. Toutes les Eglises Protestantes qui ont dressé des formules de profession de foi, tous les Synodes qui ont déterminé des points de doctrine, n’ont voulu que prescrire aux Pasteurs celle qu’ils devoient enseigner, & étoit bon & convenable. Mais si ces Eglises & ces Synodes ont prétendu faire plus par ces formules, & prescrire aux fideles ce qu’ils devoient croire ; alors, par de telles décisions, ces assemblées n’ont prouvé autre chose, sinon qu’elles ignoroient leur propre Religion.

L’Eglise de Geneve paroissoit depuis long-tems s’écarter moins que les autres du véritable esprit du Christianisme, &