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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/278

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sont envers nous, & ne cherchons point l’iniquité où elle peut ne pas être. Je ne fais point un crime au Conseil, ni même à l’Auteur des Lettres, de la distinction qu’ils mettent entre l’Homme & le Livre, pour se disculper de m’avoir jugé sans m’entendre. Les Juges ont pu voir la chose comme ils la montrent, ainsi je ne les accuse en cela ni de supercherie ni de mauvaise foi. Je les accuse seulement de s’être trompés à mes dépens en un point très-grave : & se tromper pour absoudre est pardonnable ; mais se tromper pour punir, est une erreur bien cruelle.

Le Conseil avançoit dans ses réponses, que, malgré la flétrissure de mon Livre, je restois, quant à ma personne, dans toutes mes exceptions & défenses.

Les Auteurs des Représentations répliquent qu’on ne comprend pas quelles exceptions & défenses il reste à un homme déclaré impie, téméraire, scandaleux, & flétri même par la main du Bourreau dans des Ouvrages qui portent son nom.

"Vous supposez ce qui n’est point, dit à cela l’Auteur des Lettres ; savoir, que le jugement porte sur celui dont l’Ouvrage porte le nom : mais ce jugement ne l’a pas encore effleuré, ses exceptions & défenses lui restent donc entieres. "*

[* Page 21. ]

Vous vous trompez vous-même, dirois-je à cet Ecrivain. Il est vrai que le jugement qui qualifie & flétrit le Livre, n’a pas encore attaqué la vie de l’Auteur ; mais il a déjà tué son honneur : ses exceptions & défenses lui restent encore