Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/374

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l’être.*

[*J’ai distingué ci-devant les cas où les Conseils sont tenus de l’y porter, & ceux où ils ne le sont pas.] La séance n’en sera pas même prolongée d’une heure, comme il est manifeste à qui connoît l’ordre observé dans ces assemblées. Il faut seulement prendre la précaution que la proposition passe aux voix avant les élections : car si l’on attendoit que l’élection fût faite, les Syndics ne manqueroient pas de rompre aussi-tôt l’assemblée, comme ils firent en 1735.

3. Celle de multiplier les Conseils généraux, est levée avec la précédente ; & quand elle ne le seroit pas, où seroient les dangers qu’on y trouve ? C’est ce que je ne saurois voir.

On frémit en lisant l’énumération de ces dangers dans les Lettres écrites de la Campagne, dans l’Edit de 1712, dans la harangue de M. Chouet ; mais vérifions. Ce dernier dit que la République ne fut tranquille que quand ces assemblées devinrent plus rares. Il y a là une petite inversion à rétablir. Il faloit dire que ces assemblées devinrent plus rares quand la République fuit tranquille. Lisez, Monsieur, les fastes de votre Ville durant le seizieme siècle. Comment secoua-t-elle le double joug qui l’écrasoit ? comment étouffa-t-elle les factions qui la déchiroient ? Comment résista-telle à ses voisins avides, qui ne la secouroient que pour l’asservir ? Comment s’établit dans son sein la liberté évangélique & politique ? Comment sa constitution prit-elle de la consistance ? Comment se forma le systême de son Gouvernement ? L’histoire de ces mémorables tems est un enchaînement de prodiges. Les Tyrans, les Voisins, les ennemis, les amis, les sujets, les Citoyens, la guerre, la peste, la famine, tout sembloit concourir