Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/407

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cette violente entreprise le Conseil perd en un moment un siècle d’usurpation.

À peine tout semble pacifié, que, ne pouvant endurer cette espèce de défaite, on forme un nouveau complot. Il faut derechef recourir aux armes ; les Puissances voisines interviennent, & les droits mutuels sont enfin réglés.

En 1650, les Conseils inférieurs introduisent dans leurs Corps une manière de recueillir les suffrages, meilleure que celle qui est établie, mais qui n’est pas conforme aux Edits. On continue en Conseil général de suivre l’ancienne où se glissent bien des abus, & cela dure cinquante ans & davantage, avant que les Citoyens songent à se plaindre de la contravention ou à demander l’introduction d’un pareil usage dans le Conseil dont ils sont membres. Ils la demandent enfin ; & ce qu’il y a d’incroyable, est qu’on leur oppose tranquillement ce même Edit qu’on viole depuis un demi-siècle.

En 1707, un Citoyen est jugé clandestinement contre les Loix, condamné, arquebusé dans la prison, un autre est pendu sur la déposition d’un seul faux-témoin connu pour tel, un autre est trouvé mort. Tout cela passe, & il n’en est plus parlé qu’en 1734, que quelqu’un s’avise de demander au Magistrat des nouvelles du Citoyen arquebusé trente ans auparavant.

En 1736, on érige des Tribunaux criminels sans Syndics. Au milieu des troubles qui régnoient alors, les Citoyens, occupés de tant d’autres affaires, ne peuvent songer à tout. En 1758, on répète la même manœuvre : celui qu’elle regarde veut se plaindre ; on le fait taire & tout se tait. En 1762,