ainſi deux manipulaires entreprendre & venir à bout de diſpoſer de l’Empire Romain. Ils mirent peu de gens dans le ſecret, & tenant les autres en ſuſpens, ils les excitoient par divers moyens ; les chefs comme ſuſpects par les bienfaits de Nymphidius, les ſoldats par le dépit de ſe voir frustrés du donatif ſi long-tems attendu : rappellant à quelques-uns le ſouvenir de Néron, ils rallumoient en eux le deſir de l’ancienne licence : enfin ils les effrayoient tous par la peur d’un changement dans la milice.
Si-tôt qu’on fut la défection de l’armée d’Allemagne, le venin gagna les eſprits déjà émus des Légions & des Auxiliaires. Bientôt les mal-intentionnés ſe trouverent ſi diſpoſés à la ſédition, & les bons ſi tiedes à la réprimer, que le quatorze de Janvier, Othon revenant de ſouper eût été enlevé, si l’on n’eût craint les erreurs de la nuit, les troupes cantonnées par toute la Ville, & le peu d’accord qui regne dans la chaleur du vin. Ce ne fut pas l’intérêt de l’Etat qui retint ceux qui méditoient à jeun de souiller leurs mains dans le ſang de leur Prince, mais le danger qu’un autre ne fût pris dans l’obſcurité pour Othon par les soldats des armées de Hongrie & d’Allemagne qui ne le connoiſſoient pas. Les conjurés étoufferent pluſieurs indices de la ſédition naiſſante, & ce qu’il en parvint aux oreilles de Galba fut éludé par Lacon, homme incapable de lire dans l’eſprit des ſoldats, ennemi de tout bon conſeil qu’il n’avoir pas donne & toujours réſiſtant à l’avis des Sages.
Le quinze de Janvier comme Galba ſacrifioit au Temple d’Apollon, l’Aruſpice Umbricius sur le triste aspect des en-