Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/333

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la foi promiſe ni du ſerment prêté ; & comme il arrive dans les ſéditions, tout fut bientôt du côté, du plus grand nombre. La même nuit, Vitellius étant à table à Cologne, l’Enſeigne de la quatrieme Légion le vint avertir que les deux Légions, après avoir renverſé les images de Galba, avoient juré fidélité au Sénat & au Peuple Romain ; ſerment qui fut trouvé ridicule. Vitellius, voyant l’occaſion favorable & réſolu de s’offrir pour chef, envoya des Députés annoncer aux Légions que l’armée ſupérieure s’étoit révoltée contre Galba, qu’il faloit ſe préparer à faire la guerre aux rebelles, ou, ſi l’on aimoit mieux la paix, à reconnoître un autre Empereur, & qu’ils couroient moins de riſque à l’élire qu’à l’attendre.

Les quartiers de la premiere Légion étoient les plus voiſins. Fabius Valens Lieutenant-général fut le plus diligent, & vint le lendemain à la tête de la Cavalerie, de la Légion & des Auxiliaires ſaluer Vitellius Empereur. Auſſi-tôt ce fut parmi les Légions de la province à qui préviendroit les autres ; & l’armée ſupérieure laissant ces mots ſpécieux de Sénat & de Peuple Romain, reconnut auſſi Vitellius le trois de Janvier, après s’être jouée durant deux jours du nom de la République. Ceux de Treves, de Langres & de Cologne, non moins ardens que les gens de guerre, offroient à l’envi ſelon leurs moyens, troupes, chevaux, armes, argent, Ce zele ne ſe bornoit pas aux chefs des Colonies & des quartiers, animés par le concours préſent, & par les avantages que leur promettoit la victoire ; mais les manipules & même les ſimples ſoldats transportés par inſtinct,