Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/357

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avoit eu Néron pour éleve de débauche : enſuite ayant paſſé en Afrique pour exciter Macer à prendre les armes, elle tâcha tout ouvertement d’affamer Rome. Rentrée en grace à la faveur d’un mariage conſulaire & échappée aux regnes de Galba, d’Othon & de Vitellius, elle reſta fort riche & ſans enfans ; deux grands moyens de crédit dans tous les tems, bons & mauvais.

Cependant Othon écrivoit à Vitellius lettres ſur lettres qu’il ſouilloit de cajoleries de femmes, lui offrant argent, graces, & tel aſyle qu’il voudroit choiſir pour y vivre dans les plaiſirs. Vitellius lui répondoit ſur le même ton ; mais ces offres mutuelles, d’abord ſobrement ménagées & couvertes des deux côtés d’une ſotte & honteuſe diſſimulation, dégénérerent bientôt en querelles, chacun reprochant à l’autre avec la même vérité ſes vices & ſa débauche. Othon rappella les députés de Galba & en envoya d’autres au nom du Sénat aux deux armées d’Allemagne, aux troupes qui étoient à Lyon & à la légion d’Italie. Les députés reſterent auprès de Vitellius, mais trop aiſément pour qu’on crût que c’étoit par force. Quant aux Prétoriens qu’Othon avoit joints comme par honneur à ces députés, on ſe hâta de les renvoyer avant qu’ils se mêlaſſent parmi les légions. Fabius Valens leur remit des lettres au nom des armées d’Allemagne pour les cohortes de la ville & du prétoire ; par leſquelles, parlant pompeuſement du parti de Vitellius, on les preſſoit de s’y réunir. On leur reprochoit vivement d’avoir transféré à Othon l’empire décerné long-tems auparavant à Vitellius. Enfin uſant pour les gagner de