Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DISSERTATION SUR LA MUSIQUE MODERNE.

Immutat animus ad pristina. Lucr.

Il paroit étonnant que les signes de la Musique étant restes aussi long-tems dans l’état d’imperfection ou nous les voyons encore aujourd’hui, la difficulté de l’apprendre n’ait pas averti le Public que c’etoit la faute des caracteres & non pas celle de l’Art, ou que s’en étant apperçu, on n’ait pas daigne y remédier. Il est vrai qu’on à donne souvent des projets en ce genre : mais de tous ces projets, qui, sans avoir les avantages de la Musique ordinaire, en avoient les inconvéniens, aucun, que je fache, n’à jusqu’ici touche le but ; soit qu’une pratique trop superficielle ait fait échouer ceux qui l’ont voulu considérer théoriquement, soit que le génie étroit & borne des Musiciens ordinaires les ait empêchés d’embrasser une plan général & raisonne, & de sentir les vrais défauts de leur Art, de la perfection actuelle duquel ils sont, pour l’ordinaire, très-entêtés.