Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/36

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donc suppléer dans la recherche de l’Accent pathétique à ce génie qui réveille à volonté tous les sentimens ; & il n’y a d’autre Art en cette partie que d’allumer en son propre cœur le feu qu’on veut porter dans celui des autres. (Voyez GÉNIE.) Est-il question de l’Accent rationel : l’Art a tout aussi-peu de prise pour le saisir, par la raison qu’on n’apprend point à entendre à des sourds. Il faut avouer aussi que cet Accent est, moins que les autres, du ressort de la Musique, parce qu’elle est bien plus le langage des sens que celui de l’esprit. Donnez donc au Musicien beaucoup d’images ou de sentimens & peu de simples idées à rendre car il n’y a que les passions qui chantent, l’entendement ne fait que parler.

ACCENT. Sorte d’agrément du Chant François qui se notoit autrefois avec la Musique, mais que les Maîtres de Goût-du-Chant marquent aujourd’hui seulement avec du crayon, jusqu’à ce que les Ecoliers sachent le placer d’eux-mêmes. L’Accent ne se pratique que sur une syllabe longue, & sert de passage d’une Note appuyée à une autre Note non appuyée, placée sur le même Degré ; il consiste en un coup de gosier qui élevé le son d’un Degré, pour reprendre à l’instant sur la Note suivante le même son d’où l’on est parti. Plusieurs donnoient le nom de Plainte à l’Accent. (Voyez le signe & l’effet de l’Accent, Planche B. Figure 13.)

ACCENS. Les Poetes emploient souvent ce mot au pluriel pour signifier le Chant même, & l’accompagnent ordinairement d’une épithete, comme doux, tendres, tristes