Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/363

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comme il le répete sans cessé ; qu’il n’est établi que sur des analogies & des convenances qu’un homme inventif peut renverser demain par d’ autres plus naturelles ; qu’enfin, des expériences dont il le déduit, l’une est reconnue fausse, & l’autre ne fournit point les conséquences qu’il en tire. En effet, quand cet Auteur a voulu décorer du titre de Démonstration les raisonnemens sur lesquels il établit sa théorie, tout le monde s’est moqué de lui ; l’Académie a hautement désapprouvé cette qualification obreptice, & M. Estève, de la Société Royale de Montpellier, lui a fait voir qu’ a commencer par cette proposition,que, dans la loi de la Nature, les Octaves des Sons les représentent & peuvent se prendre pour eux, il n’y avoit rien du tout qui fût démontré, ni même solidement établi dans sa prétendue Démonstration. Je reviens à son systême.

Le principe physique de la résonnance nous offre les Accords isolés & solitaires ; il n’en établit pas la succession. Une succession réguliere est pourtant nécessaire. Un Dictionnaire de mots choisis n’est pas une harangue, ni un recueil de bons Accords une Piece de Musique : il faut un sens, il faut de la liaison dans la Musique ainsi que dans le langage ; il faut que quelque chose de ce qui précede se transmette à ce qui suit, pour que le tout fasse un ensemble & puisse être appellé véritablement un.

Or la sensation composée qui résulte d’un Accord parfait, se résout dans la sensation absolue de chacun des Sons qui le composent, & dans la sensation comparée de chacun des Intervalles que ces mêmes Sons forment entr’eux ; il n’y a