en Note moderne par ces Auteurs. Mais qui osera juger de l’ancienne Musique sur de tels échantillons ? Je les suppose fideles. Je veux même que ceux qui voudroient en juger connoissent suffisamment le génie & l’accent de la langue Grecque : qu’ils réfléchissent qu’un Italien est jugé incompétent d’un Air françois, qu’un François n’entend rien du tout la Mélodie Italienne ; puis qu’il compare les tems & les lieux, & qu’il prononce s’il l’ose.
Pour mettre le Lecteur a portée de juger des divers Accens musicaux des Peuples, j’ai transcrit aussi dans la Planche un Air Chinois tiré du P. du Halde, un Air Persan tiré du Chevalier Chardin, & deux Chansons des Sauvages de l’Amérique tirées du P. Mersenne. On trouvera dans tous ces morceaux une conformité de Modulation avec notre Musique, qui pourra faire admirer aux uns la bonté & l’universalité de nos regles, & peut-être rendre suspecte à d’autres l’intelligence ou la fidélité de ceux qui nous ont transmis ces Arts.
J’ai ajouté dans la même Planche le célebre Rans-des-Vaches, cet Air si chéri des Suisses qu’il fut défendu sous peine de mort de le jouer dans leurs Troupes, parce qu’il faisoit fondre en larmes, déserter ou mourir ceux qui l’entendoient, tant il excitoit en eux l’ardent desir de revoir leur pays. On chercheroit en vain dans cet Air les accens énergiques capables de produire de si étonnans effets. Ces effets, qui n’ont aucun lieu sur les étrangers, ne viennent que de l’habitude, des souvenirs, de mille circonstances qui, retracées par cet Air à ceux qui l’entendent, & leur rappellant