Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/458

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hautes magistratures, que les maîtres des exercices dont on aura soin d’exciter aussi le zele & la vigilance par des places plus élevées, qui leur seront ouvertes ou fermées selon la manière dont ils auront rempli celles-là. Comme c’est de ces établissemens que dépend l’espoir de la République, la gloire & le sort de la nation, je les trouve je l’avoue d’une importance que je suis bien surpris qu’on n’ait songé à leur donner nulle part. Je suis affligé pour l’humanité que tant d’idées qui me paroissent bonnes & utiles se trouvent toujours, quoique très-praticables, si loin de tout ce qui se fait.

Au reste, y je ne fais ici qu’indiquer, mais c’est assez pour ceux à qui je m’adresse. Ces idées mal développées montrent de loin les routes inconnues aux modernes par lesquelles les anciens menoient les hommes à cette vigueur d’ame à ce zele patriotique, à cette estime pour les qualités vraiment personnelles sans égard à ce qui n’est qu’étranger à l’homme, qui sont parmi nous sans exemple, mais dont les levains dans les cœurs de tous les hommes n’attendent pour fermenter que d’être mis en action par des institutions convenables. Dirigez dans cet esprit l’éducation les usages les coutumes les mœurs des Polonois, vous développerez en eux ce levain qui n’est pas encore éventé par des maximes corrompues, par des institutions usées, par une philosophie égoÏste qui prêche & qui tue. La nation datera sa seconde naissance de la crise terrible dont elle sort, & voyant ce qu’ont fait ses membres encore indisciplinés, elle attendra beaucoup & obtiendra davantage d’une institution bien pondérée ; elle chérira elle respectera des loix qui flatteront son noble orgueil,