Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/19

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qu’on en avoit pour le moins autant dans les siecles d’ignorance, que dans celui où nous sommes.

M. Rousseau auroit bien dû nous dire, pourquoi il admet diversescauses de corruption dans les autres parties du monde, & qu’il nous accorde le privilege de n’être corrompus que par les Lettres, les Sciences & les Arts. Voilà un phénomene que personne n’avoit remarqué avant lui.

Il est peut-être aussi le seul qui ait la gloire d’avoir dit : La Science, toute belle, toute sublime qu’elle est, n’est point faite pour l’homme, il a l’esprit trop borné pour y faire de, grands progrès, & trop de passions dans le cœur pour n’en pas faire un mauvais usage.... on en abusebeaucoup, on en abuse toujours.

Voilà des Oracles plus clairs & aussi respectables que ceux de Delphes, de Dodone & de Trophonius. En vérité, je suis tenté de croire que M. Rousseau a raison. Les Mémoires de Messieurs de l’Académie des Sciences, ceux de, la Société Royale de Londres, une infinité d’ouvrages particuliers sur les Sciences, sont voir bien clairement qu’elles ne sont point faites pour l’homme, qu’il a l’esprit trop borné pour y faire de grands progrès, & qu’il en abuse toujours. Les meilleurs livres ce Morale, d’Histoire, de Philosophie, &c. ne sont bons qu’à nous rendre malhonnêtes gens.

L’Orateur prononce quelquefois des Oracles qui ne sont pas si clairs ;& j’avoue que si entendre un Auteur, signifie appercevoir le rapport de toutes les choses qu’il dit, je n’entends pas toujours les écrits de M. Rousseau. Si les Sciences sont vaines dans leur objet, si ce sont des occupations oiseuses,