Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t16.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du jeune C

[henonceau] x & connu dans la botanique par sa flora parisiensis.*

[* Je ne doute pas que ceci ne soit maintenant conté bien différemment par F....l & ses consorts : mais je m’en rapporte à ce qu’il en dit alors & long-temps après a tout le monde jusqu’à la formation du complot & dont les gens de bon sens & de bonne soi ont dû conserver le souvenir.] Quelqu’austère que fût ma réforme somptuaire, je ne l’étendis pas d’abord jusqu’à mon linge, qui étoit beau & en quantité, reste de mon équipage de Venise & pour lequel j’avois un attachement particulier. À force d’en faire un objet de propreté, j’en avois foit un objet de luxe, qui ne laissoit pas de m’être coûteux. Quelqu’un me rendit le bon office de me délivrer de cette servitude. La veille de NoËl, tandis que les gouverneurs étoient à vêpres & que j’étois au concert spirituel, on força la porte d’un grenier où étoit étendu tout notre linge, après une lessive qu’on venoit de faire. On vola tout & entre autres quarante-deux chemises à moi, de très belle toile & qui faisoient le fond de ma garde-robe en linge. À la façon dont les voisins dépeignirent un homme qu’on avoit vu sortir de l’hôtel portant des paquets à la même heure, Thérèse & moi soupçonnâmes son frère, qu’on savoit être un très mauvais sujet. La mere repoussa vivement ce soupçon ; mais tant d’indices le confirmèrent qu’il nous resta, malgré qu’elle en eût. Je n’osai faire d’exactes recherches, de peur de trouver plus que je n’aurois voulu. Ce frère ne se montra plus chez moi & disparut enfin tout à foit. Je déplorai le sort de Thérèse & le mien, de tenir à une famille si mêlée & je l’exhortai plus que jamais de secouer un joug aussi dangereux. Cette aventure me guérit de la passion du beau linge & je n’en ai plus eu depuis