Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t16.djvu/234

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& se fixèrent dans mon cerveau sous une forme déterminée. Ce fut alors que la fantaisie me prit d’exprimer sur le papier quelques-unes des situations qu’elles m’offroient, & rappelant tout ce que j’avois senti dans ma jeunesse, de donner ainsi l’essor en quelque sorte au désir d’aimer que je n’avois pu satisfaire & dont je me sentois dévoré.

Je jetai d’abord sur le papier quelques lettres éparses, sans suite & sans liaison ; & lorsque je m’avisai de les vouloir coudre, j’y fus souvent fort embarrassé. Ce qu’il y a de peu croyable & de très vrai est que les deux premières parties ont été écrites presque en entier de cette manière, sans que j’eusse aucun plan bien formé & même sans prévoir qu’un jour je serois tenté d’en faire un ouvrage en règle. Aussi voit-on que ces deux parties, formées après coup de matériaux qui n’ont pas été taillés pour la place qu’ils occupent, sont pleines d’un remplissage verbeux qu’on ne trouve pas dans les autres.

Au plus fort de mes rêveries, j’eus une visite de Mde. d’H[...], la premiere qu’elle m’eût faite en sa vie, mais qui malheureusement ne fut pas la dernière, comme on verra ci-après. La comtesse d’H[...]étoit fille de feu M. de B

[ellegard] e, fermier général, sœur de M. D’

[Epina] y & de MM. de L

[alive] & de la B

[riche] , qui, depuis ont été tous deux introducteurs des ambassadeurs. J’ai parlé de la connoissance que je fis avec elle étant fille. Depuis son mariage je ne la vis qu’aux fêtes de la C[...]e chez Mde. D’

[Epina] y, sa belle-sœur. Ayant souvent passé plusieurs jours avec elle, tant à la C

[hevrette] qu’à E

[pina] y, non-seulement je la trouvai toujours