Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t2.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Depuis que tous les sentimens de la Nature sont étouffés par l’extrême inégalité, c’est de l’inique despotisme des peres que viennent les vices & les malheurs des enfans ; c’est dans des nœuds forcés & mal assortis, que, victimes de l’avarice ou de la vanité des parens, de jeunes femmes effacent par un désordre dont elles font gloire, le scandale de leur premiere honnêteté. Voulez-vous donc remédier au mal : remontez à sa source. S’il y a quelque réforme à tenter dans les mœurs publiques, c’est par les mœurs domestiques qu’elle doit commencer, & cela dépend absolument des peres & meres. Mais ce n’est point ainsi qu’on dirige les instructions ; vos lâches Auteurs ne prêchent jamais que ceux qu’on opprime ; & la morale des Livres sera toujours vaine, parce qu’elle n’est que l’art de faire sa cour au plus fort.

N. Assurément la vôtre n’est pas servile ; mais à force d’être libre, ne l’est-elle point trop ? Est-ce assez qu’elle aille à la source du mal ? Ne craignez -vous point qu’elle en fasse ?

R. Du mal ! À qui ? Dans des terris d’épidémie