Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/224

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d’un cœur plein de zele, les adorations, les louanges, la contemplation de sa grandeur, l’aveu de notre néant, la résignation à sa volonté, la soumission à ses Loix, une vie pure & sainte ; tout cela ne vaut-il pas bien des vœux intéressés & mercenaires ? Près d’un Dieu juste, la meilleure maniere de demander est de mériter d’obtenir. Les Anges qui le louent autour de son Trône, le prient-ils ? Qu’auroient-ils à lui demander ? Ce mot de priere est souvent employé dans l’Ecriture pour hommage, adoration ; & qui fait le plus est quitte du moins. Pour moi, je ne rejette aucune des manieres d’honorer Dieu : j’ai toujours approuvé qu’on se joignît à l’Eglise qui le prie : je le fais ; le Prêtre Savoyard le faisoit lui-même. *

[* Emile, Tome III. pag. 185. ] L’Ecrit si violemment attaqué est plein de tout cela. N’importe : je rejette, dit-on, la priere ; je suis un impie à brûler. Me voilà jugé.

Ils disent encore que j’accuse la morale chrétienne de rendre tous nos devoirs impraticables en les outrant. La morale chrétienne est celle de l’Evangile ; je n’en reconnois point d’autre, & c’est en ce sens aussi que l’entend mon accusateur, puisque c’est des imputations où celle-là se trouve comprise qu’il conclut, quelques lignes après, que c’est par dérision que j’appelle l’Evangile divin.*

[Lettres écrites de la Campagne, pag. 11.]

Or voyez si l’on petit avancer une fausseté plus noire, & montrer une mauvaise foi plus marquée, puisque, dans le passage de mon Livre où ceci se rapporte, il n’est pas même possible que j’aie voulu parler de l’Evangile.