Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/267

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excusable, puisque j’ai manifesté dans la Préface, & plusieurs fois dans le Livre, une intention toute différente. Il s’agit d’un nouveau systême d’éducation, dont j’offre le plan à l’examen des Sages, & non pas d’une méthode pour les Peres & les Meres, à laquelle je n’ai jamais songé. Si quelquefois, par une figure assez commune, je parois leur adresser la parole, c’est, ou pour me faire mieux entendre ou pour m’exprimer en moins de mots. Il est vrai que j’entrepris mon Livre à la sollicitation d’une Mere ; mais cette Mere, toute jeune & toute aimable qu’elle est, a de la Philosophie, & connoît le cœur humain, elle est par la figure un ornement de son sexe, & par le dénie une exception. C’est pour les esprits de la trempe du sien que j’ai pris la plume, non pour des Messieurs tel on tel, ni pour d’autres Messieurs de pareille étoffe, qui me lisent sans m’entendre, & qui m’outragent sans me fâcher.

Il résulte de la distinction supposée, que si la procédure prescrite par l’Ordonnance contre un homme qui dogmatise, n’est pas applicable à l’Auteur d’un Livre, c’est qu’elle est trop sévere pour ce dernier. Cette conséquence si naturelle, cette conséquence que vous & tous mes Lecteurs tirez sûrement ainsi que moi, n’est point celle de l’Auteur des Lettres. Il en tire une toute contraire. Il faut l’écouter lui-même : vous ne m’en croiriez pas, si je vous parlois d’après lui.

"Il ne faut que lire cet article de l’Ordonnance pour voit évidemment qu’elle n’a en vue que cet ordre de personnes qui répandent par leurs discours des principes estimés