Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/475

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les anciens ſelon que le requéroit le caractere des ſiens. De ſorte qu’eſpeces & genres, tout étoit tellement mêlé, qu’il n’y avoit preſque pas de plante qui n’eût autant de noms différens, qu’il y avoit d’auteurs qui l’avoient décrite ; ce qui rendoit l’étude de la concordance auſſi longue & ſouvent plus difficile celle des plantes même.

Enfin parurent ces deux illuſtres freres, qui ont plus fait eux ſeuls pour le progrès de la Botanique, que tous les autres enſemble qui les ont précédés & même ſuivis juſqu’a Tournefort. Hommes rares, dont le ſavoir immenſe & les ſolides travaux consacrés à la Botanique, les rendent dignes de l’immortalité qu’ils leur ont acquiſe. Car tant que cette ſcience naturelle ne tombera pas dans l’oubli, les noms de Jean & de Gaspard Bauhin vivront avec elle dans la mémoire des hommes.

Ces deux hommes entreprirent, chacun de ſon côté, une hiſtoire univerſelle des plantes, & ce qui ſe rapporte plus immédiatement à cet article, ils entreprirent l’un & l’autre d’y joindre une ſynonymie, c’est-à-dire, une liste exacte des noms que chacune d’elles portoit dans tous les auteurs qui les avoient précédés. Ce travail devenoit abſolument nécessaire pour qu’on pût profiter des obſervations de chacun d’eux ; car ſans cela il devenoit presque impossible de ſuivre & démêler chaque plante à travers tant de noms différens.