Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/573

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diſpoſition n’eſt qu’en apparence celle des ombelliferes. Les grands rayons, au lieu de partir exactement du même centre, prennent leur naiſſance les uns plus haut, les autres plus bas ; les petits naiſſent encore moins régulièrement : tout cela n’a point l’ordre invariable des ombelliferes. L’arrangement des fleurs du Sureau eſt en Corymbe, ou bouquet plutôt qu’en ombelle. Voilà comment en nous trompant quelquefois, nous finiſſons par apprendre à mieux voir.

Le Chardon-roland, au contraire, n’a gueres le port d’une ombelliferes, & néanmoins c’en eſt une, puiſqu’il en a tous les caracteres dans ſa fructification. Où trouver, me direz-vous, le Chardon-roland ? par toute la campagne. Tous les grands chemins en ſont tapiſſés à droite & à gauche : le premier payſan peut vous le montrer, & vous le reconnoîtriez preſque vous-même à la couleur bleuâtre ou verd-de-mer de ſes feuilles, à leurs durs piquans & à leur conſiſtance lice & coriace comme du parchemin. Mais on peut laiſſer une plante auſſi intraitable ; elle n’a pas aſſez de beauté pour dédommager des bleſſures qu’on ſe fait en l’examinant ; & fût-elle cent fois plus jolie, ma petite Couſine avec ſes petits doigts ſenſibles ſeroit bientôt rebutée de careſſer une plante de ſi mauvaiſe humeur.

La famille des ombelliferes eſt nombreuſe, & ſi naturelle que ſes genres ſont très-difficiles à diſtinguer : ce font des freres que la grande reſſemblance fait ſouvent prendre l’un pour l’autre. Pour aider à s’y reconnoître, on a imaginé des diſtinctions principales qui ſont quelquefois utiles, mais ſur leſquelles il ne faut pas nom plus trop compter. Le foyer d’ou