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LIVRE TROISIÈME 200

mière, le rapport, considéré selon la quantité, se mesure par l'exposant; et dans l'autre, considéré selon l'identité, ii s'estime par la simultitude (').

Or, moins les volontés particulières se rappor- tent ( 2 ) à la volonté générale, c'est-à-dire les mœurs aux lois, plus la force réprimante doit aug- menter. Donc le gouvernement, pour être bon, doit être relativement plus fort à mesure que le peuple est plus nombreux.

D'un autre côté, l'agrandissement de l'État don- nant aux dépositaires de l'autorité publique plus de tentations et de moyens d'abuser de leur pouvoir, plus le gouvernement doit avoir de force pour contenir le peuple, plus le souverain doit en avoir

(*) Rousseau distingue ici deux acceptions, en effet con- traires, du mot rapport : i° au sens précis des géomètres, il signifie la relation de deux quantités dont l'une est divisée

, 12 \

par l'autre exemple: -7—!, rapport dont la valeur absolue

\ 4 1

est exprimée par le quotient (exemple : — y ■=* 3j , que

Rousseau appelle ici exposant (au xviii" siècle, on donnait

en effet ce sens au mot exposant :on disait que 3 est l'ex-

12 posant de — ) ; — 2 au sens vague et courant, on dit que

4 deux choses ont du rapport, ou sont en rapport, quand elles se ressemblent. — Or, plus les deux termes d'un rapport sont différents, plus est grand le quotient qui mesure ce rapport. Il y a donc désaccord entre le langage commun et le langage mathématique.

(*) Ici, le mot est pris dans l'acception courante. Moins il y a de ressemblance entre la volonté générale du souverain, s'exprimant par la loi, et la volonté particulière du sujet, s'exprimant par sa conduite habituelle ou ses mœurs, plus la première doit être puissante pour contenir et diriger la seconde.

6.

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