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284 DU CONTRAT SOCIAL

��CHAPITRE III

��DES ELECTIONS

��A l'égard des élections du prince et des magis- trats, qui sont, comme je l'ai dit ('), des actes complexes, il y a deux voies pour y procéder, savoir, le choix et le sort. L'une et l'autre ont été employées en diverses républiques, et l'on voit encore actuel- lement un mélange très compliqué des deux dans l'élection du doge de Venise ( 2 ).

« Le suffrage par le sort, dit Montesquieu ( 3 ), est de la nature de la démocratie. » J'en conviens, mais comment cela ? « Le sort, continue-t-il, est une façon d'élire qui n'afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir la patrie. » Ce ne sont pas là des raisons.

Si l'on fait attention que l'élection des chefs est une fonction du gouvernement, et non de la souve- raineté, on verra pourquoi la voie du sort est plus dans la nature de la démocratie, où l'administration

(*} III, XVII.

( s ) A partir du xni" siècle jusqu'à la tin de la république, les élections des doges se tirent, à peu près constamment, de la manière suivante : i" le Grand Conseil élisait 3o citoyens; 2° ces 3o en élisaient 9; 3° ces 9 en élisaient 40; 4° parmi ces 40, 12 étaient tirés au sort; 5° ces 12 en éli- saient ao; 6° \esort ramenait ces 25 à 9 ; 7 ces 9 en élisaient encore 25 ; 8° le sort ramenait ces 25 à 11 ; 9 ces 11 en élisaient 41 ; io° ces 41 procédaient à Y élection du doge.

( 3 ) Espr. des L., II, 11.

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