centuries qui formaient les six classes de tout le peuple romain, la première classe en comprenant quatre-vingt-dix-huit [1], et les voix ne se comptant que par centuries, cette seule première classe l’emportait en nombre de voix sur toutes les autres. Quand toutes ces centuries étaient d’accord, on ne continuait pas même à recueillir les suffrages ; ce qu’avait décidé le plus petit nombre passait pour une décision de la multitude ; et l’on peut dire que, dans les comices par centuries, les affaires se réglaient à la pluralité des écus, bien plus qu’à celle des voix.
Mais cette extrême autorité se tempérait par deux moyens. Premièrement, les tribuns, pour l’ordinaire, et toujours un grand nombre de plébéiens étant de la classe des riches, balançaient le crédit des patriciens dans cette première classe.
Le second moyen consistait en ceci, qu’au lieu de faire d’abord voter les centuries selon leur ordre, ce qui aurait toujours fait commencer par la première, on en tirait une au sort, et celle-là [2] procédait seule à l’élection [3] ; après quoi toutes les centuries, appelées un autre jour selon leur rang, répétaient la même élection et la confirmaient ordinairement. On ôtait ainsi l’autorité de l’exemple au rang pour la donner au sort, selon le principe de la démocratie.
- ↑ En y comprenant les chevaliers, qui étaient hors classe et formaient 18 centuries.
- ↑ (a) Cette centurie ainsi tirée au sort s’appelait prærogativa, à cause qu’elle était la première à qui l’on demandait son suffrage, et c’est de là qu’est venu le mot de prérogative. (Note de Rousseau).
- ↑ Cette réforme fut réalisée par Caïus Gracchus.