Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/71

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INTRODUCTION 6l

sorte commenté d'anciennes « franchises » octroyées aux bourgeois de Genève en 1387 par l'évêque Adhémar Fabri, et dont le souvenir s'était trouvé réveillé pen- dant les vives querelles de politique intérieure qui divisèrent et occupèrent Genève à l'époque de la com- position du Contrat social. Malheureusement cette thèse, qui a été accueillie en France avec beaucoup de faveur (*), repose sur des arguments tout à fait fragi- les. Entre ces vieilles « franchises » et le Contrat lui- même on ne signale qu'une analogie tout à fait superfi- cielle et presque uniquement verbale ( 2 ). D'autre part, le passage de la 8* Lettre de la Montagne et les fragments (non datés) du Manuscrit de Neufchâtel ( 3 ) que cite M. Vuy prouvent bien que Rousseau fut amené à utiliser pour sa défense ces curieux précédents histo- riques que le procureur général Tronchin avait invoqués contre lui, mais rien vraiment n'autorise à voir dans cette vieille constitution du Moyen-Age « l'origine des idées politiques de Rousseau », idées déjà arrêtées dans son esprit, comme nous l'avons vu, avant 1755.

La théorie calviniste me paraît renfermer une part plus grande de vérité ( 4 ). Je ne crois pas cependant

(') A la fin du livre de M. Vuy, sont cités les articles les plus élogieux consacrés à sa thèse ; ils émanent surtout de la presse et des revues catholiques. M. Paul Janel la discute dans une note de son Hist. de la Se. polit., t. II, p. 423.

H Les droits des bourgeois leur sont concédés par l'évêque Fabri « d'une manière inaliénable et nonobstant toute espèce de renonciation, prescription ou tout autre acte ultérieur ». Est-il possible de voir dans cette formule — si intéressante qu'elle soit — l'origine de la théorie de Rousseau sur le carac- tère inaliénable, indivisible, etc., de la souveraineté'? (J. Vuy, 1 er article).

( 3 ) Rousseau y déclare que l'acte d'Adhémar Fabri « n'est pas moins respectable aux Geneyois que ne l'est la Grande Charte aux Anglais » {8 e L. de la M.) ; dans le Ms. de Neufchâtel, il appelle les évèques « les pères et les bienfaiteurs de la patrie ».

( 4 ) Elle a du moins pour elle des déclarations formelles de

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