Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/118

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} LIVRE Il. ·— CHAP. V. 6l par une fenétre pour échapper A un incendie soit coupable de suicide? a-t-on méme jamais imputé ce crime A celui [ qui périt dans une tempéte dont en s’embarquant il n’igno·· , rait pas le danger? ‘ _ Le traité social a pour fin la conservation des contrac- tants (1). Qui veut la fin veut aussi les moyens, et ces 1 moyens sont inséparables de quelques risques, meme de quelques pertes. Qui veut conserver sa vie aux dépens des autres doit la donner aussi pour eux quand il faut. Or, le citoyen n’est plus juge du péril auquel la loi veut qu’il s’expose(2); et quand le prince lui a dit :- te Il est expédient A l’Etat que tu meures », il doit mourir, puisque ce n’est qu’A cette condition qu’il a vécu en sureté jusqu’alors, et que sa vie n’est plus seulement un bienfait de la nature, mais un don conditionnel de l’Etat. _ La peine de mort infligée aux criminels peut étre envi- sagée A peu pres sous le meme point de vue : c’est pour n’étre pas la victime d’un assassin que l’on consent A mourir si on le devient. Dans ce traité, loin de disposer de sa propre vie, on ne songe qu’A la garantir, et il n’est pas A présumer qu’aucun des coptractants prémédite alors de se faire pendre. D’ailleurs, tout malfaiteur, attaquant le droit social, dévient par ses forfaits rebelle et traitre A la patrie; il cesse . (1) Spinoza, Tractatus politicus, ch. 1. — Nec ad imperii securitatem refert quo animo homines inducantur ad res°'recte administrandum, modo res recte administrentur. Animi enim libertas seu fortitudo privata virtus est; at imperii virtus securitas. (2.) R. Manuscrit de Neuchatel (n° 7840, passage au crayon, rayé).— Dan- ger, risque, péril. Le premier mot est vague et s’applique A toutes sortes d’inconvénients. Le dernier, plus précis, ne se dit guére que du danger de la personne et quand il y va de la vie ou meme de pis. Car on dira fort bien d’un malade que sa vie est en danger et son salut en péril. On peut dire aussi que le péril est le plus haut degré du danger. Il est dangereux d’aller sur la mer mais on est en péril devant la tempéte. Al’égard du risque, c’est UH d8I1g¢l' 8�qUCl 01'1 S`CXp0S¢ V0l0I1I3l!`C!'D¢[1t et 8VCC QUClq�C espoir (YC!} échapper, en vue d’obtenir quelque chose qui nous tente plus que le danger DC DODS Cd"I'8lC• · On dit encore assez improprement A ses périls et risques; phrase ou Ie-