Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/136

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I LIVRE ll. — CHAP. Vlll. 79 passé tient lieu d’oubli,et ou l’Etat, embrasé par les guerres civiles, renait pour ainsi dire de sa cendre, et reprend la vigueur de la jeunesse en sortant des bras de la mort. Telle fut Sparte au temps de Lycurgue, telle fut Rome aprés les Tarquins, et telles ont été parmi nous la Hollande et la Suisse apres Pexpulsion des tyrans. Mais ces événements sont rares; ce sont des exceptions dont la raison se trouve toujours dans la constitution parti- culiere de l’Etat excepté. Elles ne sauraient meme avoir lieu deux fois pour le méme peuple : car il peut se rendre libre tant qu’il n’est que barbare, mais il ne le peut plus quand le ressort civil est usé. Alors les troubles peuvent le détruire sans que les révolutions puissent le rétablir; et, sitot que ses fers sont brisés`, il tombe épars et n’existe plus: il lui faut désormais un maitre et non pas un libérateur. Peuples libres, souvenez-vous de cette maxime : <¢ On peut acquérir la liberté, mais on ne la recouvre iamais. » La jeunesse n’est pas l’enfance. Il est pour les nations comme pour .les hommes un temps de jeunesse, ou, si l’on veut, de maturité ( 1), qu’il faut attendre avant de les soumeme a des lois : mais la maturité d’un peuple n’est pas toujours facile a connaitre; et, si on la prévient, l’ouvrage est man- qué. Tel peuple est disciplinable en naissant, tel autre ne l’est pas au bout de dix siecles. Les Russes ne seront jamais vraiment policés, parce qu’ils Pont été trop t6t. Pierre avait , le génie imitatif; il n’avait pas le vrai génie, celui qui crée O et fait tout de rien. Quelques-unes des choses qu’il fit étaient bien, la plupart étaient déplacées. Il a vu que son peuple les hommes a cette premiere égalité conservatrice de l’innocence et source de toute vertu: leurs cozurs une fois gates le seront toujours; il n’y a plus de n remede, a moins de quelque grande révolution, presque aussi a craindre que r le mal qu’elle pourrait guérir et qu‘i1 est blémable de désirer et impossible de prévoir. (1) Cette legon est celle de Pédition publiée en 1y82. Celle de I762 portait Simpiéménl Z C3! PORT IE5 IIGHOHS COMING PORT les h0Mm¢3 U2! {BMP.! dc Mdfllfifé. Les IDOIS qlli COHIHICIICCIII le p3!‘8gl'&ph8 {Ld j8|l!!¢$38 h’¢3t Pd! Pcnfance, ne se trouvent pas dans le texte primitii`. -