Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taires. Ses relations, à cette date, avec Condillac avaient dû lui suggérer sa théorie sur l’origine des langues, qui forme un des passages le plus intéressants du Discours sur l’lnégalité, bien que hors de proportion par son étendue avec les autres développements de cet ouvrage. Ce morceau a dû être composé avant le Discours sur l’lnégalité, d’autant plus qu’il parait n’y avoir été inséré qu’en partie, le surplus devant trouver place dans un écrit postérieur. Une autre étude, restée inachevée, nous parait dater des années 1751-1752 : c’est celle que nous avons publiée en appendice, n° ii, et qui avait pour titre : que l’État de guerre naît de l’état social. Comme on le verra par les références placées en notes de ce fragment, que nous avons collationné à la bibliotheque de Neuchaitel (fonds du Peyrou), certains passages ont été utilisés pour le Contrat social ou pour l’Émile ; d’autres renferment le germe de quelques-unes des idées les plus saillantes qui ont été développées dans le Discours sur l’lnégalité. La thèse que l’auteur y expose est bien celle de ses premiers écrits, et le style aussi bien que la composition en sont trop imparfaits pour être rapportés à une époque plus récente.

Nous avons dit que les commentateurs de Rousseau étaient très en peine pour retrouver le plan primitif des Institutions politiques. Cependant, l’auteur l’a tracé lui-même, à grands traits il est vrai et en termes assez vagues, dans la conclusion du Discours sur l’Inégalité. Qu’on lise le passage qui commence par ces mots : « Si c’était le lieu d’entrer ici dans les détails », jusqu’à ceux-ci : « C’est au sein de ces désordres et de ces révolutions », et l’on distinguera à travers la foule d’idées qui se pressent sous la plume du vif et brillant écrivain un programme immense, que, dans sa fougue première et son inexpérience, il se flattait peut-être de réaliser en un grand et unique ouvrage, mais qui, peu à peu grossi par ses recherches et ses méditations, a, depuis, donné naissance at toute une série d’écrits : l’Économie politique, la Lettre à d’Alembert, la Nouvelle Héloïse, l’Émile, et le Contrat social. Ce qui confirme ce point de vue, et ce qui montre bien aussi combien Rousseau était sincère en disant que la politique avait toujours été son sujet de prédilection, c’est qu’on rencontre des idées et des aphorismes qui s’y rapportent dans tous ses ouvrages sans exception, même dans