Aller au contenu

Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE IV. — CHAP. VIII. ng quel parti un ennemi iier, impétueux, passionné, peut tirer de leur stoicisme ! Mettez vi s-a-vis d’eux ces peuples généreux que dévorait l’ardent amour de la gloire et de la patrie, supposez votre république chrétienne vis-a-vis de Sparte ou de Rome : les pieux chrétiens seront battus, écrasés, détruits, avant d’avoir eu le temps de se reconnaitre, ou ne devront leur salut qu’au mépris que leur ennemi con- CCV1`8. pOl.1l` CDX. Ciétalt UD beau SCYIIICHI $1 IIIOII gfé (IUC celui des soldats de Fabius; ils ne jurerent pas de mourir OU. de vaincre, i.lI`CI`CDI de I`CVCfliI` V3lflqLlCLlI`S, et tlfl- I‘CI'lI 1Cl1l` SCITIICHI Z jamais des Chl`éIlCIlS I'l’CI'I CUSSCIII fait un pareil; ils auraient cru tenter Dieu (1). Mais je me trompe en disant une république chrétienne; ‘ ( élevés a la patience des injures, a la douceur, a la débonnaireté, A la mor- tification des sens, a l’oraison et a la meditation des choses célestes. On les enverrait comme des brebis au milieu des loups... (1) MACHIAVEL, Discours sur Tite-Live, liv. ll, chap. II. — Pour quelles raisons les hommes d'h présent sont·ils moins attachés a la liberté que ceux d’autrefois? Pour la meme raison, je pense, qui fait que ceux d’aujourd’hui sont moins forts et c’est, si je ne me trompe, la difference d’éducation fondée sur la diiférence de religion. Notre religion, en effet, nous ayant montré la vérité et le seul chemin du salut, fait que nous mettons moins de prix a la gloire de ce monde, Les paiens, au contraire, qui l’estimaient beaucoup, qui placaient en elle le souverain bien, mettaient dans leurs actions infiniment plus de force et d’énergie... Notre religion couronne plutot les vertus humbles et contemplatives que les vertus actives. Notre religion place le bonheur supreme dans l’humilité, l’abjection, le mépris des choses humaines... Si elle exige quelque force d‘eme, c’est plutot celle qui fait supporter les maux que celle qui porte aux grandes actions. ll me parait done que ces principes en rendant les peuples plus faibles, les ont disposés a étre plus facilement la proie des méchants. Ceux··ci ont vu qu°ils pouvaient tyranniser sans erainte les hommes qui, pour aller en paradis, sont plus disposés a supporter des injures qu’e les venger... Monrasqurzu, Esprit des Lois, liv. XXIV, chap. vt. —- M. Bayle, apres avoir insulté toutes les religions, Hétrit la religion chretienne; il ose avancer ( que de véritables chrétiens ne formeraient pas un Etat qui pet subsister. ( Pourquoi non? Ce seraient des citoyens iniiniment éclairés sur leurs de- l voirs et qui auraient un tres grand zele pour les remplir, ils sentiraient tres Q bien les droits de la defense naturelle; plus ils croiraient devoir A la religion, F plus ils penseraient devoir at la patrie... ( Il est étonnant que ce grand homme n’ait pas su distinguer les ordres ) pour Pétablissement du christianisme d’avec le christianisme meme et qu’on ‘ I l