Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

APPENDICE I. 265 sauf arompre le marché des qu’il cesse de leur convenir. J e ne parle point de 1’esclavage, parce qu’il est contraire a la nature, et que rien(i) ne peut l’autoriser. Il n’y a rien de tout cela dans la société politique. Loin que le chef ait un intérét naturel au bonheur des particuliers, il ne lui est pas rare de chercher le sien dans leur misére. La couronne (2) est-elle héréditaire, c’est souvent un enfant qui commande a des hommes. (a) Est-elle élective, mille inconvénients se font sentir dans les élec- tions, et l’on perd, dans l’un et dans l’autre cas, tous les avantages de la paternité. Si vous n’avez qu’un seul chef, vous étes a la dis- crétion d’un maitre qui n’a nulle raison de vous aimer; si vous en avez plusieurs, il faut supporter a la fois leur tyrannie et leurs divi- sions. En un mot, les abus sont inévitables, et leurs suites funestes dans toute société ou l’intér’ét public et. les lois n’ont aucune force naturelle et sont sans cesse attaqués par l‘intérét personnel et les passions du chef et des membres. Quoique les fonctions du pére de famille et du prince (3) doivent tendre au méme but, c’est par des voies si différentes, leurs devoirs et leurs droits sont tellement distingués, qu’on ne peut les confondre sans se former les plus fausses (4) idées des principes (5) de la société et sans tomber dans des erreurs fatales au genre humain. En effet, si la voix de la nature est le meilleur conseil que doive écouter un bon pére pour bien remplir ses devoirs, elle n’est pour le magistrat qu’un faux guide, qui travaille sans cesse A l’écarter des siens, et qui l’en- traine tot ou tard a sa perte ou a celle de l’Etat, s’il n’est retenu par la prudence ou par la vertu (6). La seule précaution nécessaire au pere de famille est de se garantir de la dépravation, et d’empécher ‘ que les inclinations naturelles ne se corrompent en lui; mais ce sont elles qui corrompent le magistrat. Pour bien faire, le premier n’a qu’a consulter son coeur; 1‘autre devient un traitre au moment qu’il écoute le sien; sa raison méme lui doit étre suspecte, et il ne doit suivre que la raison publique, qui est la loi. Aussi la nature a-t-elle fait une multitude de bons péres de famille, mais (7) j‘ignore si la sa- gesse humaine a jamais fait un bon roi; qu’on voie dans le Civilis de Platon les qualités que cet homme royal (8) doit avoir, et qu’on cite (t) Qu’aucun droit. ` (2) Magistrature. (3) Magistrat. ` (4) De fausses. (5) Des lois fondamentales. (6) Retenu par Ia plus sublime vertu. (7) Mais depuis Pexistence du monde, la sagesse humaine a fait bien peu de bons magistrats. (8) M. Alexeieff avait lu : loyal. (a) La loi fraucaise sur la maiorité des rois prouve que des hommes tres senses et une l0Dg¤¢ ¢XpéI'l¢!lC¢ ont lppI'l8 8llX p¢�pl¢8 QUE C’¢8I UU pill! gfalld malbeur CDCCTC d‘étre gouverné par des régences que par des enfants (Note de manuscrit). ‘ I l