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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/334

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APPENDICE l. 267 ne peuvent aller bien loin, et tout le reste, n’étant que violence et usurpation contre le droit de nature, ne peut servir de fondement au droit social. Or, quand je n’ai pas plus de terrain qu’il n’en faut pour mon entretien, si j’en aliéne encore, il m’en restera moins qu’il ne m’en faudra. Que puis·je donc céder aux autres sans m’6ter ma subsi- stance, ou quel accord ferai—ie avec eux pour les mettre en possession de ce qui ne m’appartient pas?] (a) [Quant aux conditions de cet accord, il est tres évident qu’elles sont illégitimes et nulles pour ceux qu’elles soumettent sans néserve a la volonté d’un autre; car, outre qu’une telle soumission est incompatible avec la nature de l’homme et que c’est 6ter toute moralité A ses actions que d’6ter toute liberté a sa volonté, c’est une convention vaine, absurde, impossible, de stipuler d’un coté une autorité absolue, et de 1’autre une obéissance sans bornes. N’est-il pas clair qu’on n’est engage a rien envers celui dont on a droit de tout exiger, et cette seule condition, incompatible avec toute autre, n’entraine·t-elle pas nécessairement la nullité de l’acte? Car, comment mon esclave pourrait-il avoir des droits contre moi, puisque tout ce qu’il a m’appartient, et que, son droit étant le mien, ce droit de moi contre moi-méme est un mot qui n’a aucun sens? 3. Que par le droit de guerre le vainqueur, au lieu de tuer ses captifs, les réduise en une servitude éternelle, sans doute il fait bien pour son profit; mais puisqu’il n’en use ainsi que par le droit de la guerre, l’état de guerre ne cesse point entre les vaincus et lui, car il ne peut cesser que par une convention libre et volontaire, comme il a commencé. Que s’il ne les tue pas tous, cette prétendue grace n’en est point une quand il faut la payer de sa liberté, qui seule peut donner un prix a la vie; comme ces captifs lui sont plus utiles vi- vants que morts, il les laisse vivre, pour son intérét et non pas pour l• leur: ils ne lui doivent donc rien que l’obéissance aussi longtemps qu’ils sont forcés de lui obéir. Mais a l’instant que le peuple subjugué peut secouer un joug imposé par force et se défaire de son maitre, c’est·a-dire de son ennemi, s’il le peut, il le doit, et, recouvrant sa liberté légitime, il ne fait qu’user du droit de guerre qui ne cesse point tant que la violence qu’il autorise a lieu. Or, comment l’état de guerre servira-t-il de base a un traité d’union qui n’a pour objet que la justice et la paix? Peut-on rien concevoir de plus absurde que de dire : er Nous sommes unis en un seul corps, attendu que la guerre subsiste entre nous? » Mais la fausseté de ce prétendu droit de tuer les captifs a été si bien reconnue, qu’il n’y a plus d’homme civi- (G) TOIIICS les idécs dll !¤0I'C¢&l1¢DiI'¢ C!'0Ch¢$8 ODI p&S$é 8V¢C dc simples I'¢I’l&Ul¢!I¢llI8 de forme dans les chap. tt, m,1v et vdu Contra! social. Voir aussi le discours sur l'Origine dc Plnégalité parmi lcs hommcs. Les ressemblances de certaines parties de ce chapitre SVEC cet éCI'lt sont si QI'8Hd€S q�`0!l ptlll SC d¢H�!ld¢I' si id l'édI.Ctl0lI de cette partie dll manuscrit ne lui est pas antérieure, d'autant plus qu‘au point de vue de Ia forme elle _ est assez imparfaite.