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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/356

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( M l APPENDICE I. 28g a qui se rapporte A un objet individuel xfappartient point A Ia puissance j législative. , Sur cette idée, on voit aisément qu’il ne faut plus demander it qui T il appartient de faire des lois, puisqu’elles sont des actes de lavolonté i générale; ni si le prince est au·dessus des lois, puisqu’il est membre ` de l’Etat; ni si la loi peut étre injuste, puisque nul n’est injuste en- vers lui·méme, ni comment on est libre et soumis aux lois, puis- qu’elles ne sont que les registres de nos volontés. On voit encore que, la loi réunissant l’universalité de la {volonté ; et de l’objet, ce qu’un homme, quel qu’il puisse étre, ordonne de son chef n’est point une loi : ce qu’ordonne meme le souverain sur un objet particulier n’est non plus une loi, mais un décret, ni un acte de souveraineté, mais de magistrature, comme je Pexpliquerai ci-apres (1).] Le plus grand avantage qui résulte de cette notion est de nous montrer clairement les vrais fondements de la justice et du droit na- turel. En eifet, la premiere loi, la seule véritable loi fondamentale qui découle immédiatement du pacte social est, que chacun préfere en toutes choses le plus grand bien de tous. Or la specification des actions qui concourent A ce plus grand bien, par autant de lois particulieres, est ce qui constitue le droit étroit et positif. Tout ce qu’on voit concourine ce plus grand bien, mais que les lois n’ont point spéciF1é,constitue les actes de civilité (2) de bienfaisance et l’habitude qui nous dispose it pratiquer ces actes, meme a notre préjudice, est ce qu’on nomme force ou vertu. (a) Etendez cette maxime it la société générale dont l’Etat nous donne l’idée. Protégés par la société dont nous sommes membres ou par celle ou nous vivons, la répugnance naturelle a faire du mal, n’étant plus balancée en nous par la crainte d’en recevoir, nous sommes portés A la fois par la nature, par l’habitude, par la raison it en user avec les autres hommes ia peu pres comme avec nos conci- toyens, et de cette disposition, réduite en actes, naissent les regles du droit naturel raisonné, diiférent du droit naturel proprement dit, qui n’est fondé que sur un sentiment vrai, mais tres vague et souvent étouffé par l’amour de nous·mémes. . C’est ainsi que se forment en nous les premieres notions distinctes du juste et de l’injuste; car la loi est antérieure a Ia justice, et non pas la justice a la loi, et si Ia loi ne peut étre injuste, ce n’est pas que la justice en soit la base, ce qui pourrait n’étre pas toujours vrai, mais parce qu’il est contre la nature qu’on veuille se nuire at soi·mé`me, ce qui est sans exception. (1) Comme jc Pai dejd dit ci-devout. (2) (Note du manuscrit.)Jc dai pas besoin d‘avcr¢ir, je crois, qu’il nc faut pas en- tendrc ce mot ti lafranpaise. (a) Tous lcs développements qui suivent sont semblables ai ceux de l’introduction sur la société générale du genre humain. (Voir aussi la preface du Discours sur l'Iuégalité.)

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