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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/462

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APPENDICE VI. 38g culiére dans toute sa force. Ainsi le gouvernement, toujours avec la meme force absolue, sera dans son minimum d’activité. Ces regles sont incontestables, et d’autres considerations servent a les coniirmer. On voit, par exemple, que les magistrats sont plus actifs dans le corps que le citoyen n’est dans le sien, et que par con- sequent la volonté particuliére y a beaucoup plus d’influence. Car chaque magistrat est presque toujours charge de quelque fonction particuliere du gouvernement; au lieu que chaque citoyen, pris a part, n’a aucune fonction de la souveraineté. D’ailleurs, plus l’Etat · s’étend, plus sa force réelle augmente, quoiqu’elle n’augmente pas en raison de son étendue; mais, l’Etat restant le meme, les magistrats ont beau se multiplier, le gouvernement n’en acquiert pas une plus grande force réelle, parce qu’il est dépositaire de celle de l’Etat, que nous supposons toujours égale. Ainsi, par cette pluralité, l’activité du` gouvernement diminue sans que sa force puisse augmenter. _ Aprés avoir trouvé que le gouvernement se relache a mesure que · les magistrats se multiplient, et que, plus le peuple est nombreux, plus la force réprimante du gouvernement doit augmenter, nous con- clurons que le rapport des magistrats au gouvernement doit etre in- verse de celui des sujets au souverain; c’est·a-dire que plus l’Etat s’agrandit, plus le gouvernement doit se resserrer, tellement que le nombre des chefs diminue en raison de l’augmentation du peuple. Pour iixer ensuite cette diversité de formes sous des dénomina- tions plus précises, nous remarquerons en premier lieu que le sou- verain peut commettre le aepat du gouvernement a tout le peuple ou A la plus grande partie du peuple, en sorte qu’il y ait plus de citoyens magistrats que de citoyens simples particuliers. On donne le nom de democratie a cette forme de gouvernement. Ou bien il peut resserrer le gouvernement entre les mains d’un moindre nombre, en sorte qu’il y ait plus de simples citoyens que de magistrats; et cette forme porte le nom d’aristocratie. Enfin il peut concentrer tout le gouvernement entre les mains d’un magistrat unique. Cette troisieme forme est la plus commune, et s’appelle monarchie ou gouvernement royal. Nous remarquerons que toutes ces formes, ou du moins les deux premieres, sont susceptibles de plus et de moins, et ont méme une assez grande latitude. Car la democratie peut embrasser tout le peu- ple ou se resserrer jusqu`a la moitie. L’aristocratie, A son tour, peut de la moitie du peuple se resserrer indeterminément jusqu’aux plus petits nombres. La royaute meme admet quelquefois un partage, soit entre le pere et le fils, soit entre deux freres, soit autrement. Il y avait toujours deux rois a Sparte et l’on a vu dans l’empire romain jusqu‘a huit empereursl a la fois, sans qu’on put dire que l’empire ffit divisé. Il y a un point ou chaque forme de gouvernement se con- fond avec la suivante; et, sous trois denominations spécifiques, le

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