Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/486

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APPENDICE IX. 4¤3 comme ils font aux autres. Croyez-nous, ne vous mélez plus de leurs affaires, car ce ne sont point les v6tres. Ils ont grand soin dc le dé- clarer tous les jours en vous reniant pour leur frére, en protestant que votre religion n’est pas la leur. n it Si vous voyez, monsieur, ce que j’aurais de solide A répondre A · ces discours, ayez la bonté de me le dire, quant A moi, je ne le vois pas. Et puis, que sais-je encore, peut-étre en voulant les défendre, avancerais-ie par mégarde quelque hérésie, pour laquelle on me ferait saintement briller. Eniin, je suis abattu, découragé, souf- frant, et l’on me donne tant d’aH`aires A moi-meme que je n’ai plus le temps de me méler de celles d’autrui. tt Recevez, etc. » Lettre A M. Foulquier au sujet du mémoire de M. de J. sur les mariages des protestants. · ¤ Motiers, le 18 octobre t76.;. it Voici, monsieur, le mémoire que vous avez eu la bonté de m’envoyer, il m’a paru fort bien fait, il dit assez et ne dit rien de trop. ll y aurait seulement quelques petites fautes de langue A corri- ger, si l’on voulait le donner au public, mais cc n’est rien, l’ouvrage est bon et ne sent point trop son théologien. it Il me parait que depuis quelque temps, le gouvernement de France, éclairé par quelques bons écrits, se rapproche assez d’une tolérance tacite en faveur des protestants. Mais, ie pense aussi que le moment de l’expulsion des jésuites le force A plus de circonspection que dans un autre temps, de peur que ces fréres et leurs amis ne se prévalent de cette indulgence pour contondre leur cause avec cellc de la religion. Cela étant, ce moment ne serait pas le plus favorable ` pour agir A la cour; mais en attendant qu’il vint, on pourrait conti- nuer d’instruire et d’intéresser le public par des écrits sages et modé- rés, forts de raisons d’Etat, claires et précises et dépouillés de toutes ces aigres et puériles déclamations trop ordinaires aux gens d’église. ' Je crois méme qu’on doit éviter d’irriter trop le clergé catholique, il faut dire les faits sans les charger de réflexions offensantes. Conce- vez, au contraire, un mémoire adressé aux évéques de France en termes décents et respectueux et ou, sur des principes qu’ils n’ose- raient désavouer, on interpellerait leur équité, leur charité, leur commisération, leur patriotisme et méme leur christianisme. Ce mé- moire, je le sais bien, ne changerait pas leur volonté, mais il leur _ ferait honte de la montrer et les empécherait peut-étre de persécuter si ouvertement et si durement nos malheureux freres. Je puis me tromper, voilA ce que je pense. Pour moi, je n’écrirai point, cela ne m’est pas possible; mais partout ou mes soins et mes conseils pour-