Page:Rousseau - Du contrat social 1762a.djvu/311

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occuper la place ; mais voyez comment ils parloient des divinités des peuples voisins qu’il leur étoit défendu d’attaquer ! La possession de ce qui appartient à Chamos votre Dieu, disoit Jephté aux Ammonites, ne vous est-elle pas légitimement due ? Nous possédons au même titre les terres que notre Dieu vainqueur s’est acquises[1]. C’étoit là, ce me semble, une parité bien reconnue entre les droits de Chamos & ceux du Dieu d’Israël.

Mais quand les Juifs, soumis aux Rois de Babilone & dans la suite aux Rois de Sirie, voulurent s’obstiner à ne reconnoitre au-

  1. Nonne ea quæ possidet Chamos deus tuus tibi jure debentur ? Tel est le texte de la vulgate. Le P. de Carrieres a traduit. Ne croyez-vous pas avoir droit de posséder ce qui appartient à Chamos votre Dieu ? J’ignore la force du texte hébreu ; mais je vois que dans la vulgate Jephté reconnoit positivement le droit du Dieu Chamos, & que le Traducteur françois affoiblit cette reconnoissance par un selon vous qui n’est pas dans le Latin.