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Origine ru Projet 25

afin que la postérité pût juger, sur des documents authentiques, de la sensation extraordinaire qu’il avait produite en France et en Europe. Ayant donc pris la résolution de faire à peu près la même chose pour l’histoire de sa vie, et jeté les yeux sur le monceau de lettres et de notes qu’il possédait, sans parler de celles qu’il avait déchirées ou perdues, il se mit sur l’heure à trier et à ranger ces précieux documents. Il se proposait de confier à Rey tous ceux qui avaient quelque importance pour la connaissance de son caractère et de sa vie après les avoir réunis ta liasses et dûment scellés, en recommandant bien au libraire d’Amsterdam, de ne les publier qu’après sa mort. (3) Trois ans plus tard il se décidait à laisser à la postérité l’histoire de sa vie accompagnée d’un recueil de ^pièces justi- ficatives», qu’il allait copier lui-même. Mais squant aux lettres originales,* mandait-il à Rey le 18 mars 1765 , >pour qu’au besoin elles servent de preuves , qu’elles soient mises dans un dépôt public*. {4)

Dès l’hiver de 1761 à 1762 Rousseau se disait lui-même que ses mémoires n’étaient pas ifort intéressants par Us faits«\ mais en même temps il sentait «qu’ils pourraient le devenir par la franchise que l’auteur y mettrait; et il résolut d’en faire un ouvrage unique par une véracité sans exemple, afin qu’au moins une fois on pût voir un homme tel qu’il était en dedans^. (5) Il reconnut toujours »la véritable vien d’un homme dans sla manière d’être intérieure* ; (6) et de trèsbonne heure s’appro- priant sce connais-toi toi-même du temple de Delphes», il chercha >à connutre la destination de son être avec plus d’intérêt et de soin qu’il n’en avait trouvé dans aucun autre homme.* (7) À ce désir ardent de la connaissance de soi-même’ s’alliait che^ lui le désir de révéler tout son être à ses amis. Au moment même où il refusait d’écrire sa vie, parce qu’il ne voulait point compromettre le secret d’autrui, il exposait à M. de Malesherbes »son caractère et l’histoire de son âme*. (8) «Quoi qu’il en soitt, clot-il le 28 janvier 1762 la quatrième et dernière lettre sur

ce sujet, »me voilà tel que je me sens affecté Si ce

tableau trop véridique m’ôte votre bienveillance, j’aurai cessé

(3) Boscha, Rousseau à Rey le iS février 1762 p. 13S.

(4) Boscha. Rousseau à Rey le 18 majs 1765. p. 251. (5J Oru-uris complitts. Confessions. VIII. p. 371.

(6) Félin Bovet, Fragments inédits des Confissions de y.-f. Rousseau etc. Revue Suisse, numéro d’octobre 1850, et en même temps «Extrait de la Revue Suisse etc.», Neuchâtel, Imprimerie Henri Wolfrath. — p. 8.

(7) Oeuvres cempl., Cenfessiens VIII, p. 58 etc, et Rêveries IX. p. 347 et alllenis.

(8) Oeuvres comf1. , Correspondance, Rousseau à M. de Malesherbes le 26 octobre 1762. X. 375. — Les iquatre lettres conaéculiïes- de Rousseau à M. de Malesherbes sont des 4, 12, 26 et l3 janvier 1762. V. Coiresp. X, 297. 300. 304, 307.